La fête, rupture du quotidien, comprend inévitablement un ou plusieurs moments de convivialité, celui du repas, plus copieux, plus luxueux que d’ordinaire.

Les menus des repas ou des pâtisseries traditionnelles (galette des Rois, crêpes, gaufres, beignets…) ont « toujours » accompagné les fêtes familiales ou villageoises, du berceau à la tombe, et lors des fêtes calendaires qui ponctuent chaque saison. La permanence de certaines coutumes en Europe, comme le Carnaval ou la tournée des enfants qui chantent leurs vœux de porte en porte, montre leur grande ancienneté. Ces coutumes sont parfois impossibles à dater car elles remonteraient à ce que certains appellent le temps des « Indo-Européens », terme qui ne prouve pas un caractère ethnique, mais linguistique, et qui correspondrait au deuxième millénaire avant notre ère.

On verra que la table a toujours été un formidable lieu de pouvoir et de stratégie politique ! C’est une occasion privilégiée pour la diplomatie, pour les affaires, pour les réconciliations, même si, comme toute réunion familiale ou sociale, les repas sont parfois sources de conflits.

Les traditions observées dans ce livre sont principalement françaises à l’époque contemporaine, ce qui n’empêche pas quelques exemples occidentaux, européens ou d’Amérique du Nord. Les recettes et les façons de faire, à l’occasion des fêtes, diffèrent selon les familles, selon les régions, et suivant les nombreux courants religieux, comme pour les juifs ashkénazes ou sépharades…

Dans ce livre, le lecteur pourra constater l’emploi fréquent de l’imparfait car beaucoup de traditions se sont éteintes au cours du xxe siècle, principalement en raison de l’exode rural, des ravages causés par les deux guerres mondiales qui ont endeuillé tant de familles, et de l’abandon des croyances auparavant « obligatoires ». Il n’est pas toujours facile de dater l’extinction d’une coutume, souvent très progressive selon les familles et selon les milieux ruraux ou urbains.

15 x 21 - 240 pages - 14,50 €

Voyagez et vous le vérifierez : les Français sont connus tant pour leur goût de la gastronomie que pour leur plaisir d’en parler ! Notre culture est ainsi particulièrement incarnée, un point qu’elle a en commun avec la religion chrétienne et qu’illustre avec bonheur Nadine Cretin, spécialiste en anthropologie religieuse. On avait aimé son Noëls des provinces de France, on se réjouit de cet abécédaire érudit consacré aux fêtes et à leur lien avec la table. Surgissent au fil des pages parfums, couleurs et fraîcheur de la religion populaire en France.

Exemples ? Les treize desserts provençaux issus des treize pains – le Christ et les Apôtres – de la table de Noël. L’œuf, la fève, le lièvre, signes de fécondité, à Pâques ou pour l’Épiphanie. L’agneau de Pâques et le pigeon de la Pentecôte. La bénédiction de la soupe par le plus jeune des enfants, portant un cierge allumé, le soir de Noël. Mille détails et autant d’idées simples pour imprégner notre vie quotidienne.

Sybille d’Oiron

Famille chrétienne